Notre équipe de Music In Belgium a toujours au fond du cœur le secret espoir que le webzine pour lequel nous nous décarcassons du mieux que nous pouvons soit lu dans les endroits les plus reculés de la planète. Aussi, cela fait plaisir lorsqu’on voit débarquer dans le courrier un disque sorti depuis quelques temps parce son auteur a finalement découvert notre site ou entendu parler de lui bien au-delà des frontières de la Belgique. C’est le cas de Matti Laine, citoyen finlandais, qui nous a envoyé son premier album "La grande illusion" (en français dans le texte), réalisé sous le patronyme de la Yne.
J’ai confondu un instant le nom de Matti Laine avec celui de Timo Laine, mythique compositeur de rock progressif électronique des années 70 (voir l’album "Symphonic Slam", par exemple). Ce dernier devait aussi être finlandais d’origine mais était basé au Canada. Son homonyme, plus jeune mais néanmoins aussi aventureux dans la musique, semble avoir trouvé le soutien de la France, et plus particulièrement du fameux label progressif Muséa, pour diffuser son premier album.
Qui dit Muséa dit progressif mais dans le cas de Matti Laine, on ne se trouve pas vraiment en présence de rock progressif pur jus. L’homme défend plutôt un concept de world music urbaine, ce qui se comprend lorsqu’on écoute "La grande illusion". Matti Laine a composé l’entièreté de l’album et a eu recours à plusieurs musiciens additionnels pour mener à bien son projet. L’album est enregistré aux East Sound Studios d’Helsinki et produit par Matti Laine, Kari Reini et Pekka Laine. On retrouve ces deux derniers derrière certains instruments
: guitare électrique et séquençage pour Pekka Laine et percussions, didgeridoo, et vibraphone pour Kari Reini. Thomas Rönnholm (batterie et percussions), Verneri Pohjola (trompette), Emmi Kaasalainen (violon), Olli Vänskä (violon), Tomi Laaksonen (percussions) et Jarko Hassinen (chant) complètent le projet.
Cette petite troupe bien organisée mène à bien l’interprétation d’une dizaine de morceaux, ou plutôt d’une dizaine d’étapes dans un voyage dont Matti Laine redoute la destination finale. Ce qui est important pour lui, c’est le voyage, pas l’arrivée. C’est ainsi qu’il nous emmène à travers une série de climats bien particuliers à chaque morceau : prog orientalisant sur "Par avion", reggae chanté en arabe et en français sur "December 23", lit de piano romantique sur "La porte de l’enfer", en mode lounge ponctué de trompettes sur "5 :15 AM", traversant des nappes de synthés sur "Requiem" ou tentant de retrouver l’âme du désert sur "La grande illusion – Endos".
Matti Laine admet s’être inspiré de grandes œuvres musicales avant-gardistes des années 70 et 80, comme "My life in the bush of ghosts" (Brian Eno et David Byrne), "Tin drum" (Japan) ou "Security" (Peter Gabriel). Mais son travail révèle aussi beaucoup d’originalité à travers ce disque essentiellement tourné vers la création d’ambiances et parcouru de montages sonores. Un album intéressant pour qui veut faire voyager son esprit à travers les nuages du son et les vibrations de la musique.
Pays: FI
Muséa Records
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